
Guide de la rentrée pour parents : quand votre ado entre au cégep
Par Roxane Dumas-Noël, conseillère en communication, Fédération des cégeps
Chaque année, ce sont environ 50 000 nouveaux étudiants qui franchissent pour la première fois les portes du cégep. Autant pour les parents que pour les adolescents, le passage au cégep est un moment important qui marque pour ces derniers le passage à la vie adulte. C’est une période pleine de changements, de questionnements personnels et professionnels, d’essais, d’erreurs, de petites et de grandes découvertes.
À l’occasion de la rentrée, nous avons voulu dresser un portrait de ce moment particulier que vivent les jeunes de deux façons : un guide à l’attention des nouveaux étudiants (que vous pouvez lire ici) et un guide à l’attention des parents (vous êtes au bon endroit!). L’objectif? Démystifier les changements qui se produisent dans la vie des jeunes au cégep et aider les parents à mieux les accompagner durant cette période.
Pour répondre à nos questions, nous avons rencontré Alain Girard, directeur adjoint des études au Collège Lionel-Groulx.
CÉGEP : Quelle est la chose la plus importante que les parents devraient savoir concernant le fameux passage du secondaire au cégep?
Alain Girard : Ce qu’il faut retenir, je crois, c’est que le cégep est un moment où les jeunes sont en recherche d’autonomie. C’est le moment où ils s’approprient leur projet d’études, leur vie sociale, où ils commencent souvent à travailler, et où ils doivent prendre leurs propres initiatives et commencer à se débrouiller par eux-mêmes.
C’est déstabilisant pour les jeunes, mais aussi pour les parents, notamment parce qu’ils ont de moins en moins de contrôle sur le parcours scolaire de leurs adolescents. Je vous donne des exemples : au cégep, les lettres d’admission sont rédigées au nom des étudiants et non au nom des parents. Que l’étudiant soit absent ou qu’il ne remette pas ses travaux, il n’y a plus d’appels à la maison pour en informer les parents. Si ceux-ci appellent au cégep pour avoir de l’information au sujet de leur jeune, on peut leur répondre, mais seulement jusqu’à ce que l’étudiant ait 18 ans. Après, le dossier est confidentiel et on ne répond plus aux questions.
CÉGEP : Que peuvent faire les parents pour soutenir leurs adolescents?
A. G. : Ce que je recommande souvent aux parents, c’est de faire preuve d’une grande écoute auprès de leurs jeunes. Ils peuvent les soutenir et les accompagner dans leurs démarches, mais ils ne devraient pas prendre de décisions pour eux! J’ai déjà vu des parents qui venaient inscrire leur enfant dans un programme qui ne l'intéressait pas du tout. Souvent, je vois dans le visage des étudiants qu’ils ne sont pas d’accord ou qu’ils sont gênés par les démarches de leurs parents. C’est clair que si le jeune n’est pas intéressé au départ, il ne sera pas motivé à persévérer dans ses études!
Il faut aussi rappeler qu’il est tout à fait sain qu’un jeune change de programme au cégep. Choisir un programme qu’ils aiment est déterminant dans leur motivation et leur persévérance à terminer leurs études. On remarque aussi que beaucoup de jeunes allègent leurs sessions en suivant moins de cours. Ce n’est pas un mauvais signe en soi, puisque ces étudiants n’abandonnent pas! Ils échelonnent leur programme, mais persévèrent et réussissent.
CÉGEP : Pouvez-vous nous résumer les grands changements que vivent les jeunes en rentrant au cégep?
A. G. : D’abord, le cégep, c’est grand! Il est normal que les jeunes perdent leurs repères en arrivant. Ils doivent changer de classe plus souvent, les groupes changent selon les cours, ils doivent parfois se rebâtir un cercle social, puisque leurs amis ne sont pas tous au même cégep... C’est déstabilisant et c’est normal.
Une autre grande différence, ce sont les cours. D’abord, il n’y a plus de cloche pour indiquer le début et la fin des cours. Au cégep, si la cloche sonne, c’est parce qu’il y a le feu quelque part! Les jeunes doivent donc s’organiser pour arriver à l’heure. Les horaires de cours sont troués, c’est-à-dire que les cours ne se suivent pas tous dans la journée et les étudiants se retrouvent souvent avec des périodes libres, une nouveauté par rapport au secondaire.
Le rythme d’apprentissage est aussi beaucoup plus rapide. Imaginez-vous que pour les jeunes avant, une année commençait en août et se terminait en juin avec quatre étapes. L’année au cégep est séparée en deux semestres de 15 semaines, donc c’est comme s’il y avait deux années dans une seule. Souvent, les étudiants ont des travaux à remettre et des examens dès la cinquième semaine de cours. Cette situation leur demande de s’organiser, ce qui est un autre défi s’ils avaient l’habitude au secondaire d’étudier la veille de leurs examens et de bien réussir quand même. Dans le même ordre d’idée, la prise de notes dans les cours peut s’avérer un véritable défi. Alors qu’au secondaire, les professeurs donnent leurs notes ou résument les points importants, les étudiants doivent mieux se structurer au cégep.
Finalement, ce sont aussi des changements aussi simples que l’organisation du transport (notamment si les jeunes doivent utiliser une voiture pour se rendre au cégep et qu’ils doivent trouver du stationnement), leur routine en général, ainsi que la gestion de leur horaire, de leur vie sociale et de leur emploi.
CÉGEP : Quels sont les pièges à éviter pour les jeunes?
A. G. : Rapidement, j’en vois trois. D’abord, les jeunes découvrent au cégep, et apprécient généralement, la liberté que leur donnent les horaires troués. Le piège à mon avis est de tout déplacer leurs cours sur deux ou trois journées pour avoir plus de temps libre le reste de la semaine qu’ils utilisent pour occuper un emploi, par exemple. Le problème, c’est qu’ils se retrouvent rapidement débordés et en difficulté. Je recommande donc aux étudiants de garder leur horaire allégé avec des périodes libres pour la première session au moins.
Ensuite, en parlant d’emploi, nous remarquons que les étudiants qui travaillent plus que 15 h par semaine pendant leurs études ont tendance à avoir plus de difficultés au cégep. Certains étudiants réussissent très bien à concilier leurs études et leur travail, et ce n’est absolument pas mauvais pour eux d’occuper un emploi, mais pour une première session, je recommande de limiter leur travail à 15 heures par semaine.
Finalement, le dernier piège est de ne pas étudier durant les premières semaines de la session. Comme les examens et les travaux à remettre débutent assez tôt et qu’il y a des périodes occupées où tout arrive en même temps, il est important qu’ils se structurent et qu’ils essaient d’étudier au fur et à mesure que les cours progressent.
CÉGEP : Quand ça ne va pas, quelles sont les ressources disponibles?
A. G. : Les enseignants sont la première ligne de contact avec les étudiants, mais quand ils rencontrent des problèmes plus importants, les jeunes peuvent s’adresser aux aides pédagogiques individuels (les API). Ces personnes sont spécifiquement formées pour aider les étudiants que ce soit pour se structurer, organiser leur agenda, répartir leurs cours sur plusieurs sessions pour alléger leur horaire ou encore changer de programme.
Ensuite, une panoplie de services d’aide existent dans les cégeps : centres d’aide en français, en anglais, en mathématiques, aide par les pairs (d’autres étudiants), ateliers sur toutes sortes de sujets (prise de notes de cours, gestion du temps, mieux vivre avec le stress, etc.), services psychologiques (travailleurs sociaux, psychologues, conseillers d’orientation, etc.).
L’important, c’est que les jeunes puissent être capables d’aller chercher de l’aide s’ils en ont besoin. C’est aussi ça l’autonomie!
Autres ressources :
Un petit livre pour bien préparer la rentrée au collégial :
Le cégépien futé de Line Levasseur (Septembre éditeur)
Les sites Web des cégeps sont des ressources intéressantes. Plusieurs d’entre eux ont des espaces, des vidéos et des brochures à l’attention des nouveaux étudiants. Par exemple :
Le Cégep de Chicoutimi a développé une vidéo de témoignages d’étudiants de leur rentrée au cégep.
Le Collège de Maisonneuve a une page Web complète dédiée à la préparation de l’entrée au cégep.
Le SRAM a aussi réalisé une série de vidéos autant pour les jeunes que leurs parents.