5 questions à se poser pour bien choisir son programme d'études

Propos recueillis par Mathieu St-Onge, conseiller en communication, Fédération des cégeps

Chaque année, des milliers de finissants du secondaire voient approcher le 1er mars sur leur calendrier avec beaucoup de fébrilité et parfois une pointe d’angoisse. Cette date correspond à la date limite pour compléter leur dossier de demande d’admission de premier tour au cégep*, un choix qui déterminera possiblement le cours de leur existence pour les années à venir. Mais quel programme de formation choisir? Avant de répondre à cette ultime question, il vaut souvent mieux trouver d'abord les réponses à d’autres questions tout aussi importantes.

Voici cinq questions essentielles à se poser pour bien choisir son programme d’études collégiales selon des spécialistes… de la question!

1. Quelles sont mes sources de motivation?
   « La motivation est fortement liée à l’importance qu’on accorde à une tâche, à un projet ou à un objectif. Quand ce qu’on fait à du sens pour nous, on est plus apte à avancer malgré les obstacles qui peuvent survenir en cours de route. Pour choisir un parcours, on ne peut pas savoir avec certitude ce qui nous plaira dans les années à venir, par contre, ce qui nous plait en ce moment est déjà une bonne piste. » — Suzanne Charest, conseillère d'orientation, Collège Ahuntsic
   
   « Il est fréquent d’avoir plusieurs intérêts tout aussi différents qu’intéressants et il devient difficile de trancher par peur de manquer des opportunités. Malgré les différences entre vos options, il se cache plusieurs points communs. Par exemple, si vous aimez l’architecture, la psychologie et la nutrition, il se pourrait que vous préfériez rencontrer les gens sur une base individuelle (accompagner, conseiller, etc.), que vous aimez résoudre des problèmes à l’intérieur d’un cadre structuré, ou même que vous voulez tout simplement voir la satisfaction des gens. Identifier les points de convergence entre vos intérêts peut ainsi nourrir votre réflexion. » — Jean-François Jarry, conseiller en orientation, Collège de Maisonneuve
   
   « Plusieurs étudiants disent souvent qu’ils veulent aider, faire une différence dans le monde, dans la société, auprès des gens proches d’eux. Ils veulent se sentir utiles. Pour certains étudiants, cela soulève la question du sens du métier ou du programme qu’ils vont choisir. » — L’équipe des conseillères d’orientation du Cégep de Granby
2. Quelles sont les valeurs auxquelles je tiens?
   « Au collégial, le choix vocationnel est beaucoup plus qu’un simple choix de programme; souvent la réflexion s’élargit pour inclure d’autres aspects tels que : le style de vie recherché, les valeurs prioritaires, les aspirations futures, la conciliation travail et vie personnelle. Ces éléments sont au cœur même de la construction de notre identité comme individu, citoyen et futur travailleur. » — L’équipe des conseillers et conseillères d’orientation du Cégep Limoilou
   
   « Il n’y a pas de professions parfaites ni de programmes parfaits. Mais pour faire un choix éclairé qui correspond à ce que je suis intrinsèquement, il est important de se pencher sur les valeurs qui sont les plus importantes pour moi, celles pour lesquelles aucun compromis ne serait possible. Il y a une différence entre trouver agréable de faire un bon salaire et mettre cet aspect comme critère premier de sélection, par exemple. » — Véronique St-Pierre, conseillère d’orientation, Cégep de Thetford
3. Quel est le niveau d’études qui me convient?
   « La pédagogie au secondaire est plus concrète et pratique, avec des apprentissages par modules. Le niveau collégial comporte des cours de culture générale, comme la philosophie et la littérature, qui n’ont pas toujours de liens directs avec la profession visée. Les études universitaires comportent plusieurs cours théoriques et conceptuels qui ne conviennent pas nécessairement à tous. » — Maryse Fontaine, conseillère d’orientation, Cégep de Drummondville
   
   « Choisir un programme d’études postsecondaires est souvent l’une des premières décisions importantes que les jeunes adultes prendront. Ils ne sont pas toujours conscients de l’étendue de leurs possibilités. Parfois, ils oublient de se regarder le nombril et se perdent de vue. Qu’est-ce qui est important pour moi dans mes études? Par exemple, si j’aime la relation d’aide et le concret, peut-être que je serais plus heureuse dans une technique humaine dans un programme préuniversitaire. » — Elsa Ebacher-Mercure, Cégep Montmorency
   
   « Si je pense m’orienter vers une formation universitaire, le DEC préuniversitaire est à privilégier, car le cheminement ne dure que 2 ans et prépare bien aux études universitaires (habituellement 3 ans pour un BAC). Toutefois, certains DEC techniques permettent également un cheminement DEC-BAC intéressant pour une durée d’études équivalente, soit 3 ans au cégep et 2 ans à l’université pour certains programmes. Si je préfère une formation orientée vers une application concrète, les programmes techniques sont à considérer dans mon choix, car ils mènent directement à l’exercice d’un métier. » — Chantal Shank, aide pédagogique, Cégep de Drummondville
4. Quel programme offre les cours les plus intéressants pour moi?
   « Il est important de prendre le temps d’explorer, car il n’y a probablement pas seulement une option qui pourrait me convenir. Quand on prend le temps de regarder les contenus de cours et les caractéristiques d’un programme, on a en main plus d’éléments pour identifier ce qui nous convient. Si j’ai un projet d’emploi, est-ce que je sais un peu à quoi m’attendre? Il est important de s’informer concrètement sur le type d’emploi convoité, car il arrive d’avoir une image idéalisée d’une profession et d’être déçu une fois qu’on s’approche de la réalité. » — Suzanne Charest, conseillère d’orientation, Collège Ahuntsic
   
   « Est-ce que je carbure à la culture générale et que je vais triper en sciences humaines en découvrant la psycho, la socio et l’histoire de toutes les époques? Trop souvent, les étudiants choisissent sciences humaines par défaut. Ils me disent : j’ai choisi sciences humaines en éliminant les sciences pures et les arts. Mais leur réflexion s’est arrêtée là, alors qu’il y a tellement plus d’options! Si je dévore dix romans par mois, pourquoi ne pas choisir un DEC en arts et lettres, profil littérature? » — Elsa Ebacher-Mercure, conseillère d’orientation, Collège Montmorency
   
   « Est-ce que les cours du programme que je convoite m’intéressent? Il faut prendre le temps de s’informer et d’explorer en profondeur le programme visé. Une des manières de faire que je recommande fortement est d’essayer la formule Étudiant d’un jour** qui permet de vivre concrètement une journée de cours dans le programme de votre choix. » — Chantal Shank, aide pédagogique, Cégep de Drummondville
5. Qu’arrive-t-il si je me trompe de programme?
   « Au-delà des questions sur qui je suis et ce que j’aime, c’est stressant de faire un choix de vie! L’erreur est possible et il se peut que je n’aie pas un cheminement linéaire. Réaliser qu’on n’aime pas une profession ou un domaine d’études, c’est aussi apprendre sur soi. Les conséquences d’un mauvais choix, soit le retard dans le cheminement, ne font pas le poids contre la confirmation d’un choix de carrière. Je dois choisir un programme pour le 1er mars… Il se peut que je fasse le bon choix, ou pas. Si je me questionne durant ma première session d’études, je peux passer voir mon conseiller d’orientation pour m’aider à y voir plus clair. D’ici là, j’en aurais appris davantage sur moi. Il ne faut pas oublier que le cégep est un lieu d’apprentissage, de partage et de découvertes! » — Catherine Boucher, conseillère d’orientation, Cégep de Matane
   
   « Plusieurs étudiants attendent d’avoir perdu toute motivation ou d’être envahis par l’angoisse avant de venir consulter un professionnel en orientation. N’attendez pas! Lorsque vous vous y prenez tôt, vous disposez d’une plus grande période de réflexion avec de meilleures pistes d’information. À une certaine époque, l’orientation se résumait à faire correspondre un individu et un emploi. Maintenant, il s’agit plutôt d’aider la personne à prendre part au développement de la société. Nous ne sommes pas là pour vous dire quoi faire, mais plutôt pour vous présenter vos options et des solutions qui vous permettront de déployer votre potentiel tout en clarifiant vos aspirations. » — Jean-François Jarry, conseiller en orientation, Collège de Maisonneuve

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* Un « tour » est une partie de la période d’admission durant laquelle un étudiant peut déposer sa demande une première fois ou modifier son choix s’il a été refusé lors d’un tour précédent. Pour la rentrée de l’automne prochain, la date limite pour compléter son dossier d’admission est le 1er mars 2017, pour le deuxième tour le 20 avril 2017 et le troisième tour le 25 mai 2017. Source : Service régional d’admission du Montréal métropolitain (SRAM)

** Offerte dans la plupart des cégeps, la formule Étudiant d’un jour donne la possibilité de vivre pendant une journée la vie d’un étudiant au collégial. Elle permet d’assister à un cours, de visiter un département, de rencontrer un professeur ou bien le coordonnateur du programme afin de valider son choix de programme ou encore son choix de cégep. La formule peut varier d’un programme à l’autre et d’un établissement à l’autre.